Après avoir passé une de mes plus belles fin de semaine en Alberta, je mourrais d’envie de découvrir d’autres lieux. Les semaines de formation étaient longues mais je parvenais toujours à revoir Clayton chaque soir après nos cours. Ce n’était pas une obligation, mais j’en avais le besoin (ou plutôt, si je me permets, on en ressentait le besoin). On prenait le temps de discuter de nos prochaines destinations en tenant en compte de ce que l’on voulait visiter. Bref, les discussions n’étaient jamais aussi longues, on arrivait toujours au même consensus. Je n’avais jamais vécu cela avec personne auparavant, je pense que c’est ça…. j’ai trouvé mon partenaire. Nous sommes donc convenus de découvrir le sud de la Saskatchewan, plus précisément le Parc National Grassland.
27 Mai 2017
Cette fin de semaine-là, nous ne sommes pas partis directement après les classes du vendredi. Nous avons décidé de quitter notre enfer (Régina) que le samedi matin très tôt. À 06h00, nous nous sommes préparés à mettre nos sacs dans la valise de la voiture et avons fait un tour au Mess, l’endroit où tous les étudiants peuvent déjeuner. Je me souviens très bien de marcher côte à côte avec Clayton et de sentir cette chimie. On déconnait, on se taquinait, on se rapprochait. Finalement, le Mess était fermé, il n’ouvrait qu’une heure plus tard. On s’est regardé et tant qu’à perdre du temps, valait mieux se mettre en route. C’est là que l’aventure a commencé…
Prenant la Transcanadienne en direction de Swift Current et empruntant la route 4 vers Val Marie, il nous a fallu presque 4 heures pour se rendre à Grassland National Park. Le parc se trouve au nord de l’État du Montana et à la frontière Canada/États-Unis. Le parc a été créé en 1981 et représente la région naturelle des prairies qui couvre une grande partie du sud de la Saskatchewan et de l’Alberta. Dans le parc, on y retrouve des bisons, des chiens de prairies, des coyotes, des faucons, des renards et des serpents à sonnette.
Arrêté au Centre d’information touristique de Grassland, nous avons pris de la documentation et demandé quelques conseils sur les endroits à visiter dans le parc. Nous avons donc pris la route 18 en direction Est jusqu’à l’intersection de la route l’Écocircuit. Nous avons traversé la frontière du Parc et avons fait quelques stops pour voir les quelques panneaux d’interprétation en bordure de route. Il fallait quand même se dégourdir les pieds après avoir roulé autant ! Le parc est immense et il faut absolument avoir un véhicule pour s’y promener de long en large. Nous avons donc commencé par le Sentier de la Colonie-d’en-Haut. La piste est une boucle de 0,5 km qui est facile à faire. Elle nous mène vers un petit belvédère ou l’on peut observer l’horizon. Il est aussi amusant d’y voir les nombreux chiens de prairie sortant leur tête du sol et nous observant tout autant.
Le temps était parfait, on pouvait profiter d’un soleil éblouissant, d’aucun nuage à l’horizon, d’un peu de vent… ah non… de beaucoup de vent ! Clayton me disait même de mettre un chandail long car il s’avait que j’allais avoir froid avant d’entreprendre notre marche. Moi, orgueilleuse comme je suis, je lui disais que j’étais correcte. Mais bon, je crois qu’il m’avait déjà »sizé ». J’avais la chair de poule tout le long ! Je me suis résolue à l’écouter pour la prochaine fois hehe. Nous avons fait un autre arrêt non loin de là, pas pour prendre du bon temps mais pour observer au loin, nos premiers Bisons des Prairies. Une chose de moins à voir dans notre Check-List !
Nous avons ensuite pris le sentier Timbergulch. Cette boucle de 16km nous fait traverser les prairies en passant par des petites vallées. Nous avons fait pour notre part, que la moitié. Nous avions peu de temps mais avons su quand même profiter au maximum de l’endroit. Le sentier est coté difficile, mais de ce que l’on a fait, il n’était pas très intense.
Après cet allé-retour rapide, on a roulé en direction du Camping dans la vallée Frenchman. L’endroit offre un nouveau terrain de camping appelé Frenchman Valley Campground. Le site du camping ne m’a pas tant plu. Il n’y avait aucun arbre et tout était à air ouverte. Le vent était intense cette journée là et je ne me voyais pas camper en plein milieu d’un champ à la vue de tous. Le seul côté positif que je peux voir est que l’endroit peut offrir une belle vue sur les étoiles lorsque le ciel est dégagé. Clayton et moi avons marché sur le site voyant les installations Otentik. Cela semblait quand même très bien comme accommodation mais comme je disais, je ne me verrais pas rester une nuit sur le site. Par contre, faire du camping sauvage dans le parc, aurait été plus intéressant !
Nous avons poursuivis notre route en direction du sentier d’interprétation Larson. On y apprend l’histoire d’un cow-boy et de sa famille. Autrefois, il aurait parcouru les prairies, dompté des chevaux sauvages et construit un ranch sur le site du parc national. C’est aussi dans cet endroit que l’on apprend l’histoire d’un autre cowboy. Will James, de son vrai nom Ernest Nephtali Dufault, était un jeune Québécois. Il a passé sa jeunesse dans son village natal à Saint-Nazaire d’Acton. Fasciné par l’Ouest américain, il part en 1907 pour la Saskatchewan à l’âge de 15 ans. Il a créé un Homestead en 1911 (Ranch 76) et est devenu par la suite un grand auteur et illustrateur de 24 Livres sur l’Ouest. Bien sûr, nous sommes arrêté quelques minutes de plus pour faire pratiquer le tir au lasso de Clayton.
Ouin…. On va dire que c’est la faute du vent … Après avoir joué aux cowboys et rigolé en masse, nous avons repris notre route et avons fait un autre stop non loin où l’on pouvait observer une panoplie de trou et tunnels sous-terrain fait par les nombreux chiens de prairies. Ceux-ci sont un élément clé de l’écosystème des prairies et ils existent qu’à l’état sauvage dans et autour de Grassland National Park. Ce n’est qu’en 1927 que les premières colonies de chiens des prairies ont été découvertes au Canada. Actuellement, il y a environ 25 colonies dans et autour du parc. On estime que les colonies peuvent contenir jusqu’à 17 000 à 23 000 animaux. Wow ! C’était intense de voir tous ses petits rongeurs sortir leur tête des nombreux trous dans le sol.
Courant encore après le temps, il fallait visiter l’autre côté du Parc pour y faire d’autres sentiers. Nous avons poursuivis notre chemin sur la route Panoramique de l’Écocircuit, traversant des champs, des champs et encore des champs jusqu’à l’accès à Butte 70 miles. Cette route amène à deux sentiers en boucle, Butte Eagle et Butte-70-Mile. Nous avons commencé par le chemin de Butte-70-Mile qui nous a amené à l’un des points les plus élevés du parc. C’est un sentier de 3,5km coté, selon le parc, de difficile. Il nous a fallu que 45 minutes pour faire la boucle au complet. Le sentier est bien aménagé et offre des vues impressionnantes.
La route nous transporte dans un environnement unique. On y observe quelques buttes ressemblant étrangement à des badlands. J’étais vraiment heureuse de profiter de ces moments avec Clayton. On marchait au même rythme, on appréciait les environs et surtout on partageait nos impressions. Il va sans dire qu’il manquait quelque chose à notre journée … Voir un serpent à sonette. Bon.. ok… je sais, c’est pas commode de vouloir voir cette petite bête là de près, mais je pense que c’est un truc à faire dans sa TO DO LIST. Nous avons continué et continué sur le sentier nous menant au point le plus haut du parc. La vue des vastes plaines était tout simplement grandiose.
La fin du sentier nous mène au début d’une autre boucle, celle du sentier Butte Eagle. Étant encore plus serré dans notre temps, Clayton et moi sommes regardés et avons discuté à savoir si l’on faisait le sentier pour conclure notre périple dans le Parc National Grassland. Nous étions bien sur fatigués et avions un autre événement le soir même à faire. Mais bon, tant qu’à être sur les lieux, pourquoi ne pas continuer ! Nous avons donc choisis de poursuivre notre aventure, qui selon moi a été un moment marquant de notre fin de semaine….
Le sentier est aussi facile que celui qui précédait. D’un côté, on grimpait une montagne, d’un autre on traversait un sentier sablonné avec quelques arbres. On était dans un tout autre environnement. Clayton était à la recherche active de serpent à sonnette. Mais sans plus … c’était voué à l’échec. Marchant nos quelques derniers kilomètres, j’ai alors dit à Clayton de regarder près d’un gros rocher voir s’il ne verrait pas cet animal. C’était notre dernier espoir d’en trouver un.
EDITH !!! EDITH !!! I FOUND ONE ! Bin oui encore … il me niaise encore !
STAY AWAY !!! LOOK !! OMG ! Ok ok … là je commence à »badtripper ». Il n’est pas sérieux la !?
Notre toute dernière chance de trouver un Serpent à Sonnette (ou communément appelé Crotale des prairies) c’est avéré positive ! Nous étions sans mots…
Ok… Le fait de repenser à cet événement me rend encore fébrile. Mon dieu, nous sommes restés près de ce reptile au moins une dizaine de minute ! C’était impossible… non… Moi ? Voir un serpent à sonnette ? Ici en plein milieu de la Saskatchewan ? Impossible …
Si jamais le sujet vous intéresse, je vous suggère de lire CE document PDF.
Il était déjà 16h00 et nous devions rapidement reprendre la route pour notre soirée à Swift Current pour une toute autre activité à 19h00. Nous avons pressé le pas pour terminer la randonnée tout en manifestant notre joie d’avoir fait cette dernière découverte. Rien n’arrive pour rien comme l’on dit si bien. Notre petit regain d’énergie nous à ramener à notre véhicule rapidement. Nous avons repris la route quittant le Parc National de Grassland.
Une heure de route plus tard, nous sommes arrivés au Best Western Inn sur le bord de la Transcanadienne 1 à Swift Current. Nous nous sommes préparés pour notre soirée au Kinetic Exhibition Park pour notre premier Rodeo !! En 1938, la ville de Swift Current a donné au Kinetic Club, composé de 70 membres, la tâche de parrainer une fête annuelle du premier jour du mois de juillet. La réponse à la campagne publicitaire de Kinetics et au programme pour le rodéo de 1938 a été un franc succès. Cela a attiré l’attention nationale dans les journaux, les magazines et les émissions de radio et d’actualités. Des milliers de personnes venaient voir et partager l’amusement à la « Bearded Frontier City » avant et pendant le rodéo. Le premier juillet et le deuxième jour du rodéo, plus de 20 000 visiteurs ont envahi la ville et ont dépassé les 5 000 places alloués pour l’événement. Bien que la nourriture et l’hébergement aient été courts, et beaucoup ont été forcés de dormir dans les voitures et dans les halls de l’hôtel, les milliers de visiteurs sont rentrés chez eux et un nouveau rodéo destiné à continuer pendant des décennies est né.
Nous avons donc assité au Cody Snyder PBR Invitational. L’événement présente les meilleurs »bull riders » du continent en compétition avec les taureaux les plus intenses que j’ai jamais vu de ma vie. Nous avons pris place dans le stade, avec nos bières à la main et avons observé les cowboys se faire »barouetter » d’un bord et de l’autre. C’était impressionnant mais aussi comique à certain moment. C’était un très beau moment passé en compagnie de Clayton. On expérimentait notre premier rodéo ensemble, on bâtissait notre belle amitié et surtout … on vivait le moment présent. Je ne pouvais rien demander de plus. J’étais bien avec lui.
Bon, la suite est disons pas mal comique. À la pause, nous avons dégourdis nos jambes, fait le plein d’alcool et passé aux toilettes chimiques…. Ahh les toilettes chimiques… Que de beaux souvenirs passés en ses lieux. Je pense que ce moment restera gravé dans ma mémoire.
Ayant aucune sacoche, je devais traîner ma carte de crédit et mon téléphone dans mes poches de jeans. Bon, je vous dirais pas trop en détail la suite mais … en allant aux toilettes, sous l’effet de l’alcool, j’ai (je ne sais comment) échappé mon cellulaire dans la toilette chimique. Je n’avais pas réalisé ce qui s’était passé sauf au moment où j’ai entendu un… »plouff » … Regardant rapidement dans le trou, j’ai juste eue le temps de voir une goutte d’eau rebondir. La panique me prend dans la toilette, je vérifie mes poches, MON CELLULAIRE !!! Pas sérieux ?! Je sors de la toilette, pensant à ce qui venait de se passer, mais non … impossible… j’ai pas échappé mon cellulaire là-dedans… Je me souviendrais toujours du moment où je vais à la rencontre de Clayton et que je lui dit : Clayton, something bad happen to me … Le gars en panique me demande si tout va bien, qu’est ce qui s’est passé et si je n’avais pas été agressé par quelqu’un. Mais non, I dropped my phone in the toilet. C’était hilarant !!! Pauvre gars, il passe une deuxième fin de semaine avec une fille et elle a déjà perdu son cellulaire dans une toilette … pas n’importe laquelle, une toilette chimique !!! Bon, ne sachant pas trop quoi faire et étant en choc, je réfléchissais aux nombreuses options qui s’offrait à moi.
Nous sommes quand même revenus dans les estrades, mais le moral n’y était plus. Je pensais trop et ne savait que faire. J’ai complètement gâché cette soirée qui avait commencé si bien. Clayton voulait tant bien m’aider mais j’étais perdue dans mes pensées. Je voyais ses efforts pour me rassurer et essayer de trouver LA solution. Le plus important était la carte contentant toute mes photos et informations. Le reste, ça pouvait prendre le bord. Mais bon pourquoi ne pas aller chercher le cellulaire dans la toilette ? Mais comment ? Bon, si je peux me permettre, je voudrais remercier Clayton pour ce qu’il a fait … Il a pris le »lead » de raconter ma mésaventure à une employée et de demander si on pouvait avoir quelque chose pour sortir mon cellulaire de là. Par chance, une bénévole, surement infirmière, avait des gants bleus et un kit jaune d’hôpital dans sa voiture. Celle-ci m’a remis le fameux »kit » et bien sûr, m’a fait passer directement à cette maudite toilette. J’ose pas imaginer ce que Clayton pensait à ce moment-là. Pauvre gars …
Ok, me voià dans la toilette, bâton de bois à la main (faut bien calculer la profondeur de tout ça), veste jaune et gants en latex bleus, j’étais prête à faire ce que PERSONNE N’AURAIT FAIT ! Profondeur OK – Mise en place de la veste jaune à mon bras gauche OK – Mise en place d’un gant bleu à la main gauche OK – Observation et calcul de l’endroit où le cellulaire aurait tombé OK ! Voilà … Cellulaire en main, je l’ai eu du premier coup ! (dégoût) Je laisse le cellulaire dans le gant de latex que j’enlève avec précaution et retire tout doucement mon habit jaune. Je sors de la toilette, regardant Clayton en disant … JE L’AI ! Ah et je vous ait pas dit … Il marchait encore !
Bon, là il était temps de reprendre le cours de la soirée. J’ai été porté le cellulaire dans la voiture et suis revenu rapidement voir le reste du rodéo. J’avais repris ma joie de vivre et malgré tout, j’ai grandement apprécié le restant de la soirée. Après le rodéo, nous avons participé à une soirée dansante en compagnie d’Audrey et Esteban qui eux aussi suivaient leur formation à Régina. Nous avons profité de quelques moments ensemble avant de quitter l’endroit. Cette soirée-là, j’étais complètement fatiguée. J’essayais tant bien que mal de rester éveillée mais c’était plus fort que moi. Clayton et moi avons dansé quelques temps sur la piste de danse et nous avons rapidement finir les nombreuses bières qui nous restait.
Nous sommes revenus à l’hôtel et 5 minutes plus tard…..
28 Mai 2017
… nous étions déjà dimanche ! Je haie les Dimanches. Cette journée signifiait pour moi la fin de nos aventures… Hé oui, déjà … Étant dans la voiture en direction de Régina, Clayton et moi avions eu une discussion par rapport à nos prochaines expéditions. Nous en sommes venus à la conclusion que l’on NE PART PLUS JAMAIS LE SAMEDI ! Fini ce temps-là … Maintenant, on quitte le vendredi, pour avoir le temps de se rendre à la destination en soirée, pour avoir notre samedi au complet et notre dimanche avant midi. Malgré les beaux moments passés à Grassland National Park et au Rodéo de Swift Current, j’ai eue l’impression de ne pas avoir eue de fin de semaine. C’était un étrange sentiment, j’avais une certaine déception. Mais ça n’arrivera plus ! Notre route s’est très bien déroulée. Bien sûr, nous avons acheté une boite de riz Uncle Ben’s ou j’ai laissé mon cellulaire dedans pendant ma semaine de formation. Croyez-le ou non … Il marche toujours ! Oui oui … après l’avoir décontaminé 100X, passé des Lysols dessus encore et encore.
Notre deuxième fin de semaine à encore été un franc succès. Je crois que la clé de la réussite de ses voyages réside dans notre complicité. Je ne saurais quoi dire de plus, j’ai trouvé mon moi-même.
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